Maïlys SEYDOUX-DUMAS

 
 
 
MAÏLYS AU PAYS DES MERVEILLES

La peinture ne cesse d’émerveiller, alors même qu’elle scandalise. Maïlys Seydoux-Dumas se plonge dans cet art avec délice, mais non sans prise de risque. Car c’est l’intime de son imaginaire qu’elle expose ainsi, engageant son propre corps figuré en « première ligne ».

En prélude, viennent les portraits de son entourage : les familiers, les proches parmi lesquels elle glisse parfois sa silhouette, avec la discrétion des « portraits insérés » médiévaux. Puis dans un dévoilement plus affirmé, elle s’auto-représente en pied, triomphale et mal assurée encore, mais pinceaux et brosses en main, composant une allégorie conquérante du « moyen ». Enfin, elle s’efface derrière son sujet véritable dont elle ne se départira plus : l’introspection par l’acte créatif sériel, médiateur par excellence. Elle met désormais en œuvre l’antique procédé artistique du miroir, ne lui consentant que la présence de son propre visage, tête décapitée, littéralement « médusée ». Puis le dispositif spéculaire la redouble à mi-corps : dimezzata (pourfendue), aurait pu écrire Italo Calvino… Enfin le miroir se brise (felix culpa !), ne révélant pourtant rien de l’au-delà têtu de sa surface émiettée. Le réel « tel qu’il est », impénétrable et fragmenté s’y reflète, tout en ménageant des brèches. Au regardant de s’aventurer dans ces fractures et de s’y perdre. Maïlys qui n’est pas Alice, réserve les arcanes de son intériorité à ses propres « spéculations ».


Claude Frontisi, 2015